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Cette exposition peut être considérée comme un prototype du projet doctoral. J’y présentais des œuvres dites « finies », cependant le processus de recherche-création était mis de l’avant dans cette installation centrale où l’on pouvait en voir les traces : extrait de la banque de données, cahier d’échantillons et carnet de cueillettes, nuancier, fleurs sauvages séchées, bouteilles d’encre, pigments secs, tests d’encre sur papier, œuvres prototypes, zines, ouvrages de référence.
L’exposition itinérante de même que l’ouvrage à publier prévus pour la partie création du projet doctoral visent aussi à présenter le travail de recherche-création en tant que processus. Y seront intégrées des œuvres aussi bien finies qu’exploratoires, dans un corpus croisant une variété de médiums dont encres et autres pigments naturels sur papier, toile et bois, audio et vidéo, installation, livres et carnets d’artiste. Une place importante sera faite aux constats en lien avec l’observation du phénomène de recherche-création mené durant la préparation de la thèse et de l’événement de création.
Il ne s’agit pas de répéter l’expérience, mais de la mener à une forme plus aboutie, et surtout d’approfondir et de conscientiser ma démarche en me livrant à une observation attentive du phénomène lui-même.
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La découverte récente du médium livre constitue une révélation : faire converger textes et images dans un unique objet tridimensionnel vient combler mon goût marqué pour l’interdisciplinarité. La faculté du livre à s’ouvrir et se refermer pour une seule personne à la fois le rend très privé malgré sa facilité à circuler, ce qui me permet de réellement partager l’intimité et le respect caractéristiques de ma relation à la forêt, tout en disséminant mon sens d’une écologie profonde et de la connexion à soi.
C’est avec le projet Intimiste que le médium écologique élaboré au fil des dernières années a trouvé sa place au service du message artistique.
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Le projet Nuancier nature en fermentation a permis l’essai d’une nouvelle technique d’extraction de la couleur par fermentation des végétaux, lesquels doivent rester autant que possible à l’abri de la lumière durant le processus.
Des échantillons de couleurs sont ensuite pris sur des feuilles de papier Saint-Gilles, le même que celui utilisé le plus souvent pour les œuvres à l’encre. Lorsque sèches, les feuilles sont photographiées en environnement contrôlé afin que les conditions soient stables d’une séance de documentation à l’autre, puis elles sont conservées dans une boîte d’archives.
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L’apparent chaos qui règne au cœur de ces œuvres représente la réalité fluctuante du monde relatif, alors que le tondo (forme circulaire) renvoie à la globalité du potentiel infini; chaque fragment constitue un portrait du tout, chaque microcosme reflète le macrocosme.
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Recherche pour l’élaboration d’encres artisanales : système de documentation
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Les numéros de page du cahier d’échantillons et les dates de cueillette des matières sont répertoriées dans les fichiers de la banque de données, ce qui permet de naviguer de l’un à l’autre des trois éléments du système de documentation.
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Exploration de la notion de réalité par l’observation du territoire et de la nature.
Les aquarelles ont été réalisées avec des pigments naturels secs mélangés avec un liant. Le nombre des œuvres composant la série de même que le format choisi pour les aquarelles réfèrent à des principes géométriques étudiés pour le projet, soit la suite de Fibonacci et le nombre d’or.
Les photos constituent le point de départ de ma réflexion, et permettent d’appréhender les aquarelles. Elles ont été prises en 2015 dans les Alpes françaises quand j’y vivais comme immigrante. Elles soulèvent la question qui m’assaillait alors et que j’ai ramenée ici à mon retour au pays : comment un paysage aussi grandiose pouvait ne pas stimuler davantage ce qu’il y a de meilleur en les êtres humains qui l’habitent?
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Cette oeuvre devait soulever un débat quant à ce qui n’allait pas à cet endroit : le cheval ou le bâtiment? Pourtant très vite tout a semblé parfaitement naturel, tant pour le cheval que pour les spectateurs et spectatrices. Est-ce que cela pose problème?
Le thème de l’apparente coupure entre nature et civilisation a été approfondi lors de l’exposition Civilisé à Rimouski (2013). Ma compréhension du sujet a gagné en subtilité, et j’ai peu après présenté en France plusieurs projets questionnant la nature même de la réalité, dont les expositions Perspectives sur la réalité (2016) et Perspectives brutes (2017).
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Cette réflexion s’est soldée durant une résidence exploratoire de plusieurs semaines en 2018, alors que la révélation m’est arrivée sous la forme du titre La non-frontière, encore plus parlante dans sa version anglaise : « A Division Is a Connexion ».
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Les notions de réalité et de connexion ont continué de s’entremêler de plus en plus étroitement, jusqu’à fusionner à l’occasion de ma rencontre avec la matière au cours de ces dernières années (2020-2024).
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