Créations artistiques -

2020-2025 : rencontre avec la matière, transition vers une pratique écologique et développement de l’attitude directe dans le travail de recherche-création

Exposition Déplier les (non-)frontières, 2025

Exposition Déplier les (non-)frontières, Arprim, 2025 — Exposition *Déplier les (non-)frontières* (détail), Arprim centre d’essai en art imprimé, Montréal, 11 septembre – 18 octobre 2025. Photo Tanya Gagné

L’exposition Déplier les (non-)frontières présente les résultats du processus de recherche-création mené au cours de la première année du projet doctoral, soit de l’automne 2024 à l’été 2025.

Ci-dessous une partie des oeuvres exposées, créées à l’hiver 2025 durant l’Atelier de recherche-création I (prévu au cursus), lequel a pris la forme d’une retraite solitaire de sept semaines à ma cabane-atelier en forêt.

*Pic mineur*, matériaux biosourcés sur toile : enduit artisanal blanc (eau, fécule de maïs, oxyde de zinc, glycérine végétale), graphite, charbon de bois, pigments naturels rouges maya et vénitien, aquarelle d’indigo et d’oxyde de zinc lié à la gomme arabique, encres artisanales (oxyde de fer, grise de camerise, rhubarbe et fer, sarrasin commun 4) et vernis artisanal (alginate de sodium et glycérine végétale) sur toile de coton, 30 x 23 cm, 2025.

*Joyau commun*, livres d’artiste : stylo encre noire 0,35 mm sur papier 104 g blanc, papier 104 g blanc teint en jaune (rhubarbe des jardins), feutre d’archives noir 0,2 mm, encre jaune (rhubarbe) et encre grise mixte (camerisier bleu, rhubarbe, oxyde de fer) sur papier aquarelle blanc 250 g, fil à broder bleu, 7 x 7 x 1,5 cm (fermés), trois exemplaires, 2025.

*Déploiement*, livres d’artiste : feutre d’archives noir 0,1 mm sur papier vergé, papier ciré, papier unryu mauve, papier japonais jaune, papier japonais blanc en rouleau, papier imprimé à motifs d’oiseaux, fil de polyester blanc, 3,5 x 5,5 cm (fermés), 100 exemplaires, 2025.

Projet Intimiste (CALQ), 2024

Exposition *Intimiste*, présentation du projet et du corpus au public lors du vernissage, centre d’artistes Caravansérail, Rimouski, 15 août 2024. Photo Fanny Basque

La découverte récente du médium livre constitue une révélation : faire converger textes et images dans un unique objet tridimensionnel vient combler mon goût marqué pour l’interdisciplinarité. La faculté du livre à s’ouvrir et se refermer pour une seule personne à la fois le rend très privé malgré sa facilité à circuler, ce qui me permet de réellement partager l’intimité et le respect caractéristiques de ma relation à la forêt, tout en disséminant mon sens d’une écologie profonde et de la connexion à soi.

C’est avec le projet Intimiste que le médium écologique élaboré au fil des dernières années a trouvé sa place au service du message artistique.

*La solitude*, livre-objet : graphite, stylo encre noire et encres artisanales sur papier japonais, baguette de bois, poignées de métal, vis, rondelle de métal, ruban, méthylcellulose, 47 x 152 cm ouvert / H 6 x L 6 x P 47 cm roulé, 2024. Photo Fanny Basque

*Ronde linéaire*, livre-objet : encre artisanale sur papier Clairefontaine blanc 250 g, papier artisanal L’Algue d’or, anneau de fer rouillé, H 7 x L 28 x P 16 cm fermé / H 11 x L 50 x P 50 cm ouvert, 2024. Photo Fanny Basque. Croisement des sagesses orientale (*ensō*) et occidentale (séquence de Fibonacci).

*Rentrer chez soi*, livre-objet : graphite, encres artisanales sur papier Saint-Gilles, vertèbres de cheval et de brebis, tiges de graminée séchée, H 23 x L 38 x P 19 cm, 2024. Photo Fanny Basque

Projet Nuancier nature en fermentation (CAC), 2023

Le projet Nuancier nature en fermentation a permis l’essai d’une nouvelle technique d’extraction de la couleur par fermentation des végétaux.

Des échantillons de couleurs sont ensuite pris sur des feuilles de papier Saint-Gilles, le même que celui utilisé le plus souvent pour les œuvres à l’encre. Lorsque sèches, les feuilles sont photographiées en environnement contrôlé afin que les conditions soient stables d’une séance de documentation à l’autre, puis elles sont conservées dans une boîte d’archives.

Fleurs de carotte sauvage en fermentation, juillet 2023

Projet Nuances (CALQ), 2022

Exposition *Écosystème(s)*, Musée du Bas-Saint-Laurent, Rivière-du-Loup, 7 octobre 2022 au 8 janvier 2023. Photo Jean-François Lajoie

Cette exposition présentait des œuvres dites « finies », cependant le processus de recherche-création était mis de l’avant dans cette installation centrale où l’on pouvait en voir les traces : extrait de la banque de données, cahier d’échantillons et carnet de cueillettes, nuancier, fleurs sauvages séchées, bouteilles d’encre, pigments secs, tests d’encre sur papier, œuvres prototypes, zines, ouvrages de référence.

L’apparent chaos qui règne au cœur de ces œuvres représente la réalité fluctuante du monde relatif, alors que le tondo (forme circulaire) renvoie à la globalité du potentiel infini; chaque fragment constitue un portrait du tout, chaque microcosme reflète le macrocosme.

*Écosystème 1*, encre artisanale (coprin noir d’encre) sur papier Saint-Gilles, 49 x 49 cm, 2022. Photo Steve Leroux

*Écosystème 4*, encre artisanale (chou kale rouge, cerisier de Pennsylvanie, framboisier sauvage, lobaire pulmonaire) sur papier Saint-Gilles, 49 x 49 cm, 2022. Photo Steve Leroux

Projet Élaboration d’encres naturelles pour une palette du terroir (CALQ), 2021

Recherche pour l’élaboration d’encres artisanales : système de documentation

Cahier de cueillette pour prise de notes pratiques et poétiques

Première banque de données, par dossiers : photos de la plante et de couleurs obtenues, fichier-texte des expérimentations

Cahier d’échantillons de couleurs pris au fil des différentes étapes de chaque expérimentation. Photo Marie-Josée Roy

Les numéros de page du cahier d’échantillons et les dates de cueillette des matières sont répertoriées dans les fichiers de la banque de données, ce qui permet de naviguer de l’un à l’autre des trois éléments du système de documentation.

Projet Nous territoires : l’essentiel n’est pas répertorié (CALQ), 2020

Exploration de la notion de réalité par l’observation du territoire et de l’écosystème forestier.

Les aquarelles ont été réalisées avec des pigments naturels secs mélangés avec un liant. Le nombre des œuvres composant la série de même que le format choisi pour les aquarelles réfèrent à des principes géométriques étudiés pour le projet, soit la suite de Fibonacci et le nombre d’or.

Les photos constituent le point de départ de ma réflexion, et permettent d’appréhender les aquarelles. Elles ont été prises en 2015 dans les Alpes françaises quand j’y vivais comme immigrante. Elles soulèvent la question qui m’assaillait alors et que j’ai ramenée ici à mon retour au pays : comment un paysage aussi grandiose pouvait ne pas stimuler davantage ce qu’il y a de meilleur en les êtres humains qui l’habitent (moi incluse) ?

Période de présentation et d’échanges enregistrés avec le public, Centre d’art de Kamouraska, 12 novembre 2020. Photo Véronique Drouin

*La quadrature du cercle selon le bouleau jaune*, aquarelle de pigments naturels sur papier de fibres de coton recyclées, photographies en noir et blanc sur bande de papier, baguettes de bois de merisier, 76 x 76 cm, 2020. Photo Jean Munro

*Pourtant les abeilles ne le savent pas*, aquarelle de pigments naturels sur papier de fibres de coton recyclées, photographies en noir et blanc sur bande de papier, baguettes de bois de merisier, 76 x 76 cm, 2020. Photo Jean Munro

2013-2019 : questionnements et révélations quant à la place de la conscience et de l’action humaines dans le monde ainsi qu’à la nature de la réalité

*What’s Wrong ?*, performance : introduction d’un cheval vivant dans une galerie d’art, 30 minutes, Confluence Gallery, Dawson City, Yukon, 2013. Photo Nicole Rayburn

Cette oeuvre devait soulever un débat quant à ce qui n’allait pas à cet endroit : le cheval ou le bâtiment? Pourtant très vite tout a semblé parfaitement naturel, tant pour le cheval que pour les spectateurs et spectatrices. Est-ce que cela pose problème?

Le thème de l’apparente coupure entre nature et civilisation a été approfondi lors de l’exposition Civilisé à Rimouski (2013). Ma compréhension du sujet a gagné en subtilité, et j’ai peu après présenté en France plusieurs projets questionnant la nature même de la réalité, dont les expositions Perspectives sur la réalité (2016) et Perspectives brutes (2017).

*Perspectives sur la réalité* (site 2), installation en vitrine (détail) : tissu et os de brebis, H 180 cm, Musée minimaliste des arts modestes, Digne-les-Bains, France, 2016.

Cette réflexion s’est soldée durant une résidence exploratoire de plusieurs semaines en 2018, alors que la révélation m’est arrivée sous la forme du titre La non-frontière, encore plus parlante dans sa version anglaise : « A Division Is a Connexion ».

*A Division Is a Connexion*, image numérique, 2018 (résidence de recherche-création indépendante, Collectif Le Récif, Rivière-Trois-Pistoles).

Les notions de réalité et de connexion ont continué de s’entremêler de plus en plus étroitement, jusqu’à fusionner à l’occasion de ma rencontre avec la matière au cours de ces dernières années (2020-2025).