2020 | installation interactive : encre de Chine sur papier, baguette de bois, fil à coudre | 90 x 76 cm, 3 minutes
Exploration de la notion de réalité et du territoire par le dessin.
Le public est invité à couper des fils pour prendre un morceau de l’oeuvre.
Chaque personne peut partir avec l’un des dessins constitutifs de l’oeuvre.
Cette œuvre a été réalisée dans le cadre d’une résidence de co-création avec l’autrice Élise Argouarc’h, au CLAC de Mont-Joli, et a été présentée lors de la rencontre-événement clôturant la tournée de diffusion de l’exposition Nous territoires : l’essentiel n’est pas répertorié. Elle est composée de 21 dessins identiques de forme carrée assemblés en un mobile par du fil à coudre et suspendu à une baguette de bois. Le dessin est une caricature représentant un loup assis s’adressant à un loup couché somnolant, auquel il annonce « J’ai rêvé que j’étais un mouton… », ce à quoi l’autre répond par un point d’interrogation.
L’oeuvre vient boucler la boucle du long voyage que fut ce projet : il a débuté par des photos en noir et blanc captées dans les Alpes lorsque j’y étais immigrante en 2015, s’est concrétisé par la création d’aquarelles aux pigments naturels qui marquent mon implantation dans ma région d’origine, puis culmine avec un retour apaisé (marqué par le retour au noir et blanc) sur mon vécu d’immigrante dans les Alpes, notamment par l’expérience de profonde connexion avec Élise Argouarc’h, elle-même immigrante d’origine française (bretonne).
Moments d’éveil ramène la question du territoire au contexte des Alpes (d’où elle était partie en début de projet), où le retour du loup dans les montagnes sème une vive polémique au sein de la population, particulièrement chez les éleveurs de moutons.
Au-delà de ces considérations concrètes, cette image met en relief le thème de la culture et de la nature humaines : être ou ne pas être un mouton, mais d’abord s’éveiller pour s’extraire du rêve, de l’illusion. Il suggère aussi une situation de compassion forcée, en ce sens où le loup qui a rêvé qu’il était un mouton, c’est le chasseur qui a rêvé qu’il était la biche, le bûcheron qu’il était un arbre, le pollueur qu’il était une rivière, etc. En bout de ligne, qui que ce soit qui accepte de se mettre à la place d’un-e autre dans un effort de compréhension, d’accueil et de respect.
*caricature d’après une idée originale de Cécile Barriera, bergère dans les Alpes françaises