Aquarelle de pigments naturels sur papier de fibres textiles recyclées, photographie en noir et blanc sur bandes de papier, baguettes de bois de merisier, 76 x 76 cm, 2020
Exploration de la notion de réalité par l’observation du territoire et de la nature.
Oeuvres conçues et réalisées dans le cadre du projet Nous territoires : l’essentiel n’est pas répertorié, soutenu par le CALQ pour son programme de partenariat territorial. Ce fut l’occasion d’une première expérience d’exploration de l’aquarelle, de travail avec des pigments naturels bruts, et des principes de base de la géométrie de la nature.
Aquarelles et bandes-photos ont d’abord été présentées en diptyques, dans le contexte d’une série de 21 œuvres au total. Une exposition itinérante ayant visité six endroits de la région du Bas-Saint-Laurent en novembre 2020 a servi de prétexte à autant de discussions publiques sur le sujet du lien au territoire.
Le nombre des œuvres composant la série de même que le format choisi pour les aquarelles font référence à des principes géométriques étudiés dans le cadre du projet, nommément la suite de Fibonacci et le nombre d’or.
.
.
.
Les photos constituent le point de départ de ma réflexion, et permettent d’appréhender les aquarelles qui les surmontent. Elles ont été prises en 2015 dans les Alpes françaises alors que j’y vivais comme immigrante. Elles soulèvent la question qui m’assaillait alors et que j’ai ramenée ici à mon retour au pays : comment un paysage aussi grandiose pouvait ne pas stimuler davantage ce qu’il y a de meilleur en les êtres humains qui l’habitent?
Les aquarelles ont été réalisées avec des pigments naturels, achetés secs puis mélangés avec de la gomme arabique (un liant) pour préparer les godets de peinture. Lors de la conception du corpus, les formes géométriques devaient représenter la civilisation (l’humain culturel) et les couleurs à l’aquarelle devaient représenter la nature. Ce fut le cas pour plusieurs des œuvres, mais comme je m’y attendais les symboliques se sont inversées et/ou ont fusionné dans d’autres compositions.
La façon dont nous nous percevons se reflète dans la façon dont nous organisons nos espaces. Notre lien au territoire constitue l’expression de notre lien à soi, et il n’a aujourd’hui presque plus rien de naturel : il est culturel. Au même titre que nous réinventons continuellement la culture qui dicte notre façon de penser et d’agir, nous avons le pouvoir de réinventer notre lien au territoire. Est-il possible de redéfinir notre culture individuelle et collective de manière consciente? Un territoire donné influencerait les gens qui l’habitent tout autant que l’inverse : si tel est le cas, qu’est-ce qui peut bien nous mener à le considérer tel que nous le faisons? Quelle est donc cette part de nous-mêmes (et donc de la nature dont nous sommes partie intégrante) qui nous invite tantôt à la destruction, tantôt à la protection? Qu’est-ce qui, dans notre nature et notre culture, dicte nos choix quant à ce qui sera endommagé et ce qui sera épargné en nous et autour de nous?